Riche d’un sous-sol exceptionnel, la Wallonie exploite depuis toujours la pierre naturelle. Capucine Bertola, Géologue au sein de l’association Pierres et Marbres de Wallonie, nous dévoile les atouts de ce matériau noble. Entre diversité géologique unique, impératif écologique et poids économique, plaidoyer pour un retour au bon sens de la pierre locale.

Capucine Bertola
Géologue au sein de l’association Pierres et Marbres de Wallonie
Créée il y a 35 ans, l’association Pierres et Marbres de Wallonie fédère aujourd’hui 32 carrières et une vingtaine d’entreprises réparties sur tout le territoire. Sa mission est vaste : promouvoir l’usage de la pierre locale auprès des architectes et des maîtres d’ouvrage, mais aussi fournir une documentation technique précise et des brochures d’inspiration, consultables sur son portail numérique, pour guider chaque projet.
L’impact carbone d’une pierre importée est environ 20 fois supérieur à celui d’une pierre locale.
« La Belgique jouit d’une belle renommée pour la richesse de son sous-sol », souligne Capucine Bertola. « Sur un territoire modeste de 16.000 km², la Wallonie offre une variété de roches impressionnante. Si une quinzaine de pierres sont encore valorisées de nos jours, plus de 130 l’ont été par le passé. » Des noms évocateurs comme le célèbre Petit Granit – Pierre Bleue de Wallonie, le Grès du Condroz ou le prestigieux Marbre Noir de Mazy témoignent de cette diversité. Calcaires, schistes, arkoses ou quartzites composent une palette de teintes et de textures unique qui façonne notre patrimoine bâti.
Le choix du bon sens écologique et économique
Face à une concurrence internationale féroce, la géologue appelle au bon sens. L’argument est d’abord environnemental : « L’impact carbone d’une pierre importée est environ 20 fois supérieur à celui d’une pierre locale. Privilégier le circuit court, c’est opter pour une décarbonation concrète. » De plus, contrairement à certaines importations, nos matériaux répondent à des normes strictes (BENOR, ATG) et bénéficient d’une traçabilité totale, assurant que la pierre posée résistera à notre climat exigeant.
Sur le plan de la durabilité, Capucine Bertola relève que « peu énergivore à l’extraction, la pierre traverse les millénaires et s’intègre parfaitement dans l’économie circulaire grâce à ses capacités de réemploi. Reconnue dans les bases de données environnementales comme TOTEM, la pierre naturelle wallonne prouve qu’elle est bien plus qu’un héritage du passé : c’est un matériau d’avenir, alliant esthétique et responsabilité. »
Le secteur demeure aussi un pilier économique essentiel, représentant 800 emplois directs et 2.400 indirects en Wallonie.