Si la Wallonie bénéficie de multiples atouts, les défis restent de taille : relance de l’économie après une année d’incertitudes, poursuite de la digitalisation, renforcement de la durabilité, etc. Pour évoquer ces questions, Mediaplanet a réuni, le 18 novembre, huit acteurs de premier plan autour du Vice-Président de la Wallonie Willy Borsus.
Texte : Philippe Van Lil – Photos : Kris Van Exel
Quel panorama dressez-vous de la situation économique de la Wallonie ?
Willy Borsus : « En Wallonie, on a encore trop peu le réflexe de lancer sa propre activité : le taux d’entrepreneuriat reste trop faible. La Région compte un peu moins de 80 000 entreprises et un peu plus de 300 000 indépendants. En moyenne, il s’agit aussi d’entreprises plus petites que celles des régions ou pays voisins. Nous déployons pourtant de nombreux efforts en faveur de l’entrepreneuriat, à travers des investissements dans des formations et le développement de compétences, d’outils et de moyens de financement. Des mécanismes de type ‘Student Lab’, par exemple, accompagnent les étudiants de l’enseignement supérieur qui souhaitent se lancer. On fournit des aides pour mobiliser les capitaux initiaux. Nous disposons d’un écosystème qui favorise l’entrepreneuriat dans sa phase de démarrage comme de croissance. Force est de constater que les résultats n’ont pas encore atteint toute l’ampleur voulue. »
Sébastien Morant : « Cet écosystème fonctionne depuis une bonne dizaine d’années et tout le monde est en effet en droit d’en attendre d’excellents résultats. Même si ceux-ci restent parfois un peu mitigés, j’ai pu mesurer toute l’énergie qu’on investit. La réforme en cours sous cette législature va dans le bon sens puisqu’elle essaie d’assurer la cohérence de cet accompagnement à l’entrepreneuriat sur l’ensemble du territoire wallon. Cette volonté et tous les efforts déployés font partie des atouts de la Wallonie. »
Eric Van Sevenant : « En tant qu’entreprise publique autonome, la Société wallonne des eaux dispose d’une large autonomie d’action. Nous nous voulons ambitieux pour la Wallonie : nous soutenons les entreprises partenaires au travers de nos marchés publics investisseurs et tentons d’incarner nous-mêmes l’esprit d’entreprendre. En 2012, nous avions lancé un plan d’entreprise avec des objectifs ambitieux à l’horizon 2022 en termes de performances, de productivité et de maîtrise des coûts d’exploitation, afin de dégager des moyens pour investir dans la pérennité de nos infrastructures. Résultat : notre plan d’investissement est passé de 40 à 120 millions d’euros depuis 2012. En outre, sur un chiffre d’affaires annuel de quelque 500 millions d’euros, nous sommes un donneur d’ordre de 250 millions d’euros par an. Récemment, nous avons aussi lancé un incubateur d’activités en lien avec l’eau. Nous essayons à la fois de soutenir le déploiement d’entreprises partenaires via les marchés publics et d’incarner nous-mêmes cet esprit d’entreprendre. »
Jean-Luc Martin : « La Wallonie est de mieux en mieux lotie en termes d’universités, d’environnement de qualité, de tissus de services et de logistique. Ces éléments doivent nous permettre de nous développer. La Société publique de gestion de l’eau est le principal investisseur de la protection de l’environnement en Wallonie, avec des montants de l’ordre de 150 millions d’euros par an, outre les dépenses de fonctionnement. Nous rencontrons cependant des problèmes spécifiques dans le secteur de l’assainissement des eaux : les conflits d’intérêts sont quasiment permanents entre l’aménagement du territoire et la protection des espèces. Nous avons un outil d’assainissement extraordinaire qui pèse environ 10 milliards d’euros en valeur de construction à neuf. Il faut donc vraiment bien entretenir cet outil, le réhabiliter à date et à heure pour éviter de faire grimper la facture. »
Pascale Delcomminette : « Ces dernières années, un écosystème industriel important s’est développé autour d’une série de niches technologiques à haute valeur ajoutée : environnemental, biotech, digital, etc. Leur éclosion a engendré une très forte croissance des exportations. De 2017 à 2019, elles ont progressé de 9,4 %, ce qui est bien plus important que dans les pays voisins où la hausse est de 4,5 %. De toute évidence, la Wallonie regagne des parts de marché. Les entreprises technologiques touchent aussi des marchés hors Union européenne. En 2010, la part d’exportation hors UE était de 20 % ; elle est actuellement de plus de 28 %. L’AWEX a pour vocation de soutenir ces secteurs à l’exportation, mais aussi d’attirer des investissements étrangers. À l’avenir, il faudra aussi capitaliser davantage sur des entreprises étrangères structurantes comme Kaneka Eurogentec et AGC ; elles peuvent entraîner les entreprises wallonnes dans leur sillage et favoriser l’export. »
Luc Parmentier : « La chaîne de valeur de l’immobilier représente 13 % du PIB et près de 380 000 emplois. Un promoteur immobilier est en réalité un ‘serial entrepreneur’ : chaque projet est une nouvelle entreprise en soi. Aujourd’hui, nous devons réfléchir à un plan ambitieux à long terme pour rendre les logements accessibles et durables en Wallonie. Cela passe par la rénovation et par le développement de logement neufs. Mais cela pose des difficultés. D’abord pour le logement neuf, la question est de savoir où le développer. Tout le monde a entendu parler du ‘stop béton’. Dès lors, on doit revenir, a priori, vers les centres-villes. Toutefois, les points de vue au niveau régional et parfois local nous empêchent parfois d’obtenir les permis nécessaires… plus personne ne veut être dérangé par quiconque autour de lui ! Cela devient un vrai problème pour produire des logements neufs de qualité dans les centres-villes. Ensuite pour la rénovation : les normes européennes nous imposent un niveau de qualité énergétique élevé sur l’ensemble du patrimoine d’ici à 2050. Pour atteindre cet objectif, il faudrait rénover 170 000 logements par an. Il y a là un vrai défi entrepreneurial. »
Véronique Gillet : «Dans les formations économiques et techniques, l’esprit d’entreprendre parle aux jeunes. L’engouement est d’autant plus grand que depuis quelques années, le statut d’étudiant entrepreneur permet aux jeunes de développer leur propre projet entrepreneurial en parallèle à leurs études. Ce statut leur permet de combiner à la fois la condition d’étudiant et d’entrepreneur, tout en maintenant des protections sociales telles que les allocations familiales. Auparavant, certains jeunes étaient freinés dans leur élan entrepreneurial : si une entreprise leur proposait un emploi lors de leur stage, cela amenait parfois l’étudiant à abandonner son projet au profit d’un salaire et d’une belle voiture. À noter que la crise sanitaire actuelle n’a pas freiné l’envie d’entreprendre : fin 2020, nous aurons doublé le nombre d’étudiants entrepreneurs par rapport à 2018 ! »
Michel Morant : « L’entrepreneuriat est avant tout un état d’esprit, une manière d’aborder les problèmes et les défis. Cet état d’esprit doit percoler partout ! Aujourd’hui, les jeunes cherchent surtout à trouver un job en conformité avec leurs attentes. Certains sont préoccupés par les défis générationnels, les défis climatiques et sociétaux en général. Par ailleurs, on dit souvent que les chercheurs restent dans leur tour d’ivoire. Ce n’est pas vrai du tout ! Récemment, on l’a encore vu avec un couple d’immunologistes allemands d’origine turque ; alors que leurs recherches étaient essentiellement orientées sur le cancer, ils ont tout arrêté pour se consacrer à la recherche d’un vaccin contre la Covid-19. Autre exemple, chez nous : la plateforme de testing massif lancée à l’Université de Liège. Elle y a été créée par deux chercheurs qui ont également mis leurs autres projets de côté. Ça aussi, c’est l’esprit d’entreprendre ! »
Thierry Nollet : « Entre le désastre économique que nous vivons et les menaces sur nos libertés fondamentales, nous pouvons nous demander si la liberté d’entreprendre nous sera encore préservée longtemps. Il sera important de revoir nos fondamentaux et de pouvoir éviter un écrasement de notre classe moyenne, de nos indépendants et de nos PME qui nous amènerait inexorablement vers une précarisation et une ubérisation de notre société. L’important n’est pas de relever les atouts indéniables de notre Wallonie, mais bien de fédérer les forces vives afin de garantir notre capacité collective à réagir aux événements en inscrivant l’intérêt de l’humain comme axe fondamental de sortie de crise. En cela, nous considérons qu’il reste indispensable de mobiliser la communauté des ressources humaines et de travailler dans les secteurs et les entreprises sur des axes de reconversion nouveaux à travers du management agile, de nouvelles politiques de rémunération et de formation comme outils de transition. »
L’écosystème wallon de l’innovation est-il satisfaisant ?
Pascale Delcomminette : « Il est important de pouvoir capitaliser sur la recherche, l’innovation et les écosystèmes mis en place avec les pôles de compétitivité. Entre industries, centres de recherche et universités, ces écosystèmes interagissent de plus en plus, attirent des investisseurs potentiels et s’internationalisent grâce à des partenariats avec d’autres pôles ou d’autres institutions d’enseignement supérieur à l’étranger. Il convient bien sûr d’apporter des améliorations : on ne transforme pas encore autant la recherche en production industrielle que la Suisse, par exemple. Néanmoins, la part des exportations de ces domaines innovants a largement crû : alors qu’ils représentaient 59 % des exportations en 2006, ils atteignaient 75 % l’an dernier. »
Michel Morant : « Le monde de la recherche a beaucoup évolué. Les quelque 10 000 chercheurs de nos universités sont bien plus préoccupés qu’avant de voir leurs travaux aboutir concrètement au développement de nouveaux produits et services. Au fil du temps, la Région wallonne a soutenu les universités et les hautes écoles en ce sens, favorisant le dépôt de brevets et la capacité de transformer les résultats de laboratoire en applications dans lesquelles les entreprises peuvent vraiment croire. Pour l’ensemble des universités, on enregistre quelque 700 conventions de recherche avec des entreprises. Chaque année, ce sont 150 inventions débusquées, 150 transferts de technologie vers des entreprises, essentiellement en Région wallonne, et la création d’une bonne dizaine d’entreprises de type spin-off. Cela représente aujourd’hui plus de 5 000 emplois directs. »
Willy Borsus : « On a de quoi être largement satisfait, avec des dépenses brutes de R&D évaluées à 2,8 % de notre PIB. C’est un bon résultat, même si la part la plus importante émane du secteur privé. Il faut souligner d’indéniables succès dans la pharmacie, les biotechnologies, le traitement des matériaux, l’intelligence artificielle et dans bien d’autres domaines encore. Le paysage de nos institutions de recherches porte le poids de son histoire : il est largement morcelé entre centres de recherche sous différents statuts : recherche privée, collaboration universitaire… Les dispositifs sont nombreux et pas toujours simples. Il faut donc non seulement faire croître les budgets publics de soutien, mais aussi simplifier ce paysage, mieux répartir les compétences entre les niveaux de pouvoir, optimaliser les partenariats pour atteindre les tailles critiques nécessaires sur certains projets, mieux intégrer la dimension européenne pour capitaliser sur ses soutiens et nous inscrire dans des projets stratégiques comme la transition énergétique ou le spatial. »
Thierry Nollet : «L’innovation, ce n’est pas que la R&D. Comme acteur majeur du secteur de la GRH, nous soutenons des projets liés à la recherche collaborative qui s’avère être un levier important de transformation humaine, organisationnelle et managériale. Au cœur des ramifications de la sécurité sociale et des relations sociales, nous sommes souvent au centre de nouveaux dispositifs d’intrapreneuriat – de communautés d’innovation où notre expertise en GRH, en matière d’organisation du travail et de formation, nous permet d’aboutir à de plus grands impacts en matière d’innovation réelle et de création de valeurs. Quant à l’activation en matière de recherche de subsides, c’est un axe majeur de notre multiservice et de l’aide apportée à nos clients. »
Eric Van Sevenant : « L’innovation concerne aussi les processus et l’organisation. La transition climatique, par exemple, va challenger complètement notre modèle d’organisation, voire nos modèles économiques. Nous fonctionnons encore selon un modèle centralisé de la gestion de l’eau, comme on a connu dans l’énergie. À son instar, nous allons devoir gérer des connexions entre systèmes centralisés et décentralisés. Aujourd’hui, en situation de sécheresse, nous avons des zones en Wallonie où il faut pouvoir les interconnecter avec d’autres. Nous venons d’attribuer un marché de 90 millions d’euros dans des projets d’automatisation et de télégestion à trois entreprises qui ont leur siège en Wallonie. Cela nous permettra de suivre en continu les consommations de nos ouvrages pour encore mieux coordonner leur fonctionnement en réseaux. »
Jean-Luc Martin : « Dans notre activité, nous développons énormément de R&D dans des domaines très divers : l’économie circulaire à Wasmuël dans le cadre de la réutilisation des boues d’assainissement après séchage à géothermie à Wasmuël ; la recherche de la Covid-19 dans les eaux usées ; la mise au point, grâce à une collaboration avec les universités, de sondes plus performantes à la sortie des stations d’épuration ; des recherches sur le changement climatique ; la résilience de nos multiples bâtiments ; etc. Une faiblesse du système wallon est sans doute la priorisation. Il faudrait une ligne de conduite plus lisible sur les aides à la recherche mais aussi une meilleure coordination pour accéder aux soutiens européens tels que le Green Deal. Donc oui, l’innovation est satisfaisante mais peut-être trop peu mise en avant. »
Sébastien Morant : « L’innovation est fondamentale pour sortir du lot et avoir une économie forte. Les clés d’une bonne innovation sont la créativité et l’imagination. Si les gens pensent toujours la même chose et sont catalysés dans leurs pensées, on n’arrivera jamais à amener des innovations disruptives sur le territoire. Par ailleurs, entreprendre ne se résume pas au fait de créer sa société. Il faut que celle-ci grandisse pour se pérenniser. Il faut reconnaître qu’il existe cependant un manque de lisibilité dans l’accompagnement des entrepreneurs et sur la façon dont on peut aller chercher des fonds belges ou européens. Enfin, si effectivement nous disposons d’un très beau réseau d’opérateurs en ce qui concerne les aides et les accompagnements, il faudrait cependant renforcer cet écosystème avec des gens qui ont un vrai passé en entreprise afin de donner un nouvel élan. »
Véronique Gillet : « La recherche appliquée fait partie des missions des hautes écoles. Toutefois, le financement de la recherche y étant insuffisant, nous avons du mal à la réaliser. Le financement de l’enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles – universités et hautes écoles – fonctionne en effet en enveloppe fermée. Or la presque totalité de cette enveloppe va dans l’accompagnement des activités pédagogiques. En conséquence, s’il existe des structures d’accompagnement de la recherche très actives au niveau des universités, c’est malheureusement beaucoup moins le cas au niveau des hautes écoles. Lorsque 300 jeunes travaillent sur un projet d’économie circulaire, c’est frustrant de ne pas pouvoir accéder à l’étape suivante, à savoir la finalisation de ces travaux dans un projet de recherche-action. »
Luc Parmentier : « En tant que promoteur immobilier, l’une de nos difficultés est de trouver les bons experts qui nous permettent d’évoluer. Nous avons bien entendu des contacts avec les universités et les écoles supérieures pour essayer de capter de bons profils mais aussi avec le monde de la R&D, par exemple dans le domaine des nouveaux matériaux. Le secteur de la construction voit arriver en permanence un flot de nouveaux produits. C’est très positif par rapport aux objectifs de zéro émission de gaz à effet de serre et à la production de logements durables. Toutefois, lorsque ces produits arrivent sur le marché, il faut qu’ils soient financièrement abordables pour la majorité des gens. »
Michel Morant : « L’innovation n’est pas uniquement technologique. Elle porte sur toutes les disciplines, y compris les sciences humaines, par exemple avec le défi de la gestion du personnel à distance et sa motivation. Le dernier Score Board de l’Union européenne concernant l’innovation classe la Wallonie au-dessus de la moyenne européenne… mais en tant que ‘innovation follower’, donc des suiveurs ! Si au terme de la programmation 2021-2027, nous pouvions nous classer parmi les ‘innovation leaders’ comme nos voisins du Nord, ce serait une belle réalisation. Nous devrions disposer d’un bon tableau de bord de l’innovation pour suivre les progrès et susciter un effet d’entraînement. »
La digitalisation et la durabilité constituent d’autres défis pour la Wallonie. Quel regard portez-vous sur leur évolution dans le monde de l’entreprise ?
Sébastien Morant : « Le digital et le durable sont deux aspects fondamentaux. Pour le digital, nous nous sommes associés avec Agoria afin d’élaborer un programme axé sur l’offre des entreprises. Le focus n’est donc pas sur la transformation interne des entreprises mais plutôt sur les outils technologiques sur lesquels elles peuvent s’appuyer pour développer leurs services à la clientèle. Au niveau de la durabilité, il y a énormément de choses à faire et il va falloir innover à tous les niveaux : ressources humaines, processus et produits. 0n ne parle pas d’une transformation cosmétique, bien évidemment, mais bien de quelque chose qui va vraiment toucher les fondamentaux de l’entreprise. Pas nécessairement sa finalité et l’usage de ses produits mais toute la manière dont elle délivre ces produits. Pour atteindre cet objectif de durabilité, énormément d’actions de sensibilisation sont déjà mises en place pour faire évoluer les mentalités. Il faut à présent passer à l’action ! »
Jean-Luc Martin : « La durabilité est toujours présente en toile de fond de nos activités. C’est même est notre ADN ! Notre core business tient en trois mots : environnement, durabilité et innovation. Nous avons entre autres des ambitions dans l’économie circulaire, avec un système de cogénération où une énorme station d’épuration deviendrait énergétiquement autosuffisante. À titre anecdotique, nous venons d’être contactés, via la Compagnie intercommunale liégeoise des eaux, par les autorités de Beyrouth qui voudraient faire appel à notre expertise. Nous sommes reconnus à l’extérieur mais étonnamment un peu moins en Wallonie ! »
Eric Van Sevenant : « La digitalisation est une opportunité. Le Big Data et l’intelligence artificielle nous aideront à développer la maintenance prédictive de nos infrastructures et à améliorer nos choix d’investissements. De nouveaux métiers vont apparaître et le personnel va devoir s’approprier de nouveaux outils. Nous devons saisir les opportunités du plan de relance européen, qui fait justement de l’innovation et de la transition environnementale ses priorités. Nous prévoyons entre autres des investissements avec des durées de vie de 50, voire 100 ans. Ces dernières années, nous avons très fortement travaillé sur l’efficacité énergétique de nos processus, l’utilisation des ressources et la production d’énergies alternatives. D’ici cinq ans, nous voulons arriver à produire 20 % de notre consommation à travers des systèmes d’hydroélectricité déjà en place, mais aussi de l’éolien et du photovoltaïque. »
Luc Parmentier : « Lors de la première vague de la crise sanitaire, certaines entreprises n’étaient pas prêtes en termes de fonctionnement et d’équipements digitaux. Notre entreprise, elle, fonctionne pratiquement à 100 % de manière digitale et à distance ; dans l’immobilier, la digitalisation ne cesse pas au moment où l’on pose la première brique. Nous avons en outre développé diverses initiatives, comme l’application HOPLR qui crée du lien entre les habitants de nouveaux quartiers. Pour qu’une ville se construise, il faut que les gens puissent interagir. »
Thierry Nollet : « Le management agile, c’est construire les bonnes choses, le faire bien et rapidement. Si le digital est un enjeu sociétal et économique majeur répondant à cette nécessité, il doit pouvoir s’accompagner de politiques nouvelles notamment sur le plan scolaire et académique. On constate aujourd’hui la difficulté que les écoles ont à organiser les cours à distance avec la question des inégalités de traitement directement liées aux effets d’une précarisation qui ne fait que croître en Wallonie. Si nous sommes dotés de structures efficientes pour encadrer cette transition numérique, il sera important de mieux communiquer auprès de la population sur la vision stratégique, les objectifs et les moyens qui seront mis à disposition pour que l’Humain puisse en tirer bénéfice dans son évolution. »
Véronique Gillet : « Nous arrivons à de belles réalisations dans le cadre de démarches de ‘Learning By Doing’. Les exercices proposés à nos étudiants émanent directement du besoin d’une entreprise-partenaire. Les ponts entre écoles et entreprises dynamisent tout le processus, y compris pour le développement des profils recherchés en entreprise. Nous avons la possibilité d’accentuer davantage ce type de projets, par exemple sous la forme de soumissions de challenges aux étudiants. Récemment, par exemple, nos étudiants ont créé en quelques jours à peine des e-shops à la demande de commerces locaux qui ont dû brusquement fermer physiquement dans le cadre des mesures sanitaires. »
Pascale Delcomminette : « Durant la crise actuelle, on constate que les entreprises les plus résilientes sont celles ayant atteint un niveau de digitalisation plus élevé. Le plan Digital Wallonia en lien avec l’intelligence artificielle constitue un atout sur lequel on doit capitaliser au niveau de la visibilité, de la notoriété et de l’implication au niveau international. Nous préparons un webinaire sur ces thématiques avec tout notre réseau à l’étranger. Nous nous inscrivons totalement dans le fil des programmes d’Agoria qui promeuvent l’industrie 4.0. Nous devons sensibiliser nos entreprises à l’e-commerce transfrontalier afin qu’elles soient sur des plateformes performantes. Quant à la durabilité, elle constitue un fil rouge essentiel que nous mettons en exergue dans nos actions, à la fois pour la promotion internationale de secteurs leaders dans ces domaines mais aussi parce que la responsabilité sociétale d’une entreprise sera de plus en plus un élément-clé de compétitivité internationale. »
Willy Borsus : « Soyons fiers de nos atouts et de notre savoir-faire ! Soyons également conscients des paliers et des étapes considérables que nous devons encore franchir. Soyons déterminés quant au changement, aux politiques et aux orientations à mettre en œuvre ! Nous avons une formidable opportunité. Après tout, nous sommes à la veille d’un plan de relance d’après-crise, à tous les niveaux : régional, interfédéral, européen. Les fonds structurels européens nous ont déjà très largement aidés, avec des orientations très fortes comme le Green Deal. Nous avons une obligation absolue de réussir ce rendez-vous de la résilience, de la transition et de la relance. Cela passera nécessairement par une transition digitale et numérique dans le monde de l’industrie, l’organisation sociétale, le commerce et les services, par l’investissement public stratégique, par l’investissement des entreprises et de nos concitoyens. Cela passera aussi à l’évidence par de nouvelles relations dans la façon de nous organiser, de bâtir, d’isoler. Il faudra concrétiser ces éléments de transition. On ne fera bien entendu pas l’économie du débat sur les compétences. Il faudra mobiliser les compétences vers ces nouveaux secteurs, pouvoir recycler, amener des compétences. La question des compétences, de la formation en général, de l’alternance me paraît essentielle. »