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Pouvoir de la Wallonie

Transition énergétique : ne plus dépendre du réseau, mais en faire un simple appoint

En collaboration avec
Nathan Depover Fondateur de N.Depover et Gérant d’Air Evolution 
En collaboration avec
Nathan Depover Fondateur de N.Depover et Gérant d’Air Evolution 

Alors que la Belgique s’apprête à vivre un tournant majeur avec l’arrivée des tarifs dynamiques et l’électrification croissante des foyers, Nathan Depover, PDG des sociétés N. Depover et Air Evolution, livre son analyse. Entre opportunités technologiques et critiques des aides régionales, l’expert plaide pour une autonomie énergétique accrue des ménages. 

Le paysage énergétique belge est en pleine mutation. D’un côté, la nécessité de sortir des énergies fossiles pour des raisons géopolitiques et climatiques ; de l’autre, un réseau électrique sous tension qui demande des investissements colossaux.

« Tout cela suscite des inquiétudes bien légitimes chez les consommateurs », souligne Nathan Depover, à la tête de deux structures complémentaires, Air Evolution – spécialisée dans le chauffage, les pompes à chaleur et la ventilation – et N. Depover – focalisée sur le photovoltaïque et l’électricité. Pour lui, l’avenir réside dans l’intelligence artificielle et le stockage.

Tarifs dynamiques

Autre sujet brûlant : l’entrée en vigueur des tarifs dynamiques. Pour notre interlocuteur, il est crucial de bien comprendre ce changement de paradigme : « Concrètement, le prix de l’électricité va fortement augmenter durant les pics de consommation, entre 7h et 11h, ainsi qu’entre 17h et 22h. À l’inverse, nous aurons des tarifs creux, beaucoup plus avantageux, la nuit et en milieu de journée. »

Si cette mesure vise à lisser la charge sur le réseau, elle risque néanmoins de pénaliser lourdement les ménages non équipés. « Ceux qui n’ont ni panneaux solaires ni batteries de stockage vont voir leurs factures grimper », prévient notre expert. « D’autant que les coûts de distribution – les accises – risquent eux aussi d’augmenter pour financer le renforcement des lignes électriques, indispensable à l’électrification de l’Europe. »

Stockage intelligent, pompes à chaleur 

Face à cette volatilité des prix, la solution ne réside plus seulement dans la production d’énergie verte, mais dans sa gestion intelligente. Nathan Depover met en avant les nouvelles solutions de stockage pilotées par intelligence artificielle.

« L’idée est de rendre le réseau accessoire. Neuf mois sur l’année, les panneaux solaires suffisent. Pour les trois mois restants, l’IA va acheter le courant sur le réseau quand il est le moins cher, par exemple à 3h du matin, pour le restituer pendant les heures pleines », détaille-t-il. « Cette approche permet de transformer une contrainte en opportunité économique. Si on couple photovoltaïque et batterie intelligente, le réseau devient alors un simple appoint, non plus la source principale. »

Nathan Depover insiste aussi sur le recours à la pompe à chaleur air-air, « une solution de chauffage à part entière, très performante, qui consomme trois à quatre fois moins qu’un chauffage électrique à accumulation ».

Primes et réductions de TVA

Si les solutions techniques existent, le soutien des pouvoirs publics laisse à désirer, selon l’expert. Il qualifie ainsi de « demi-bonne nouvelle » la récente baisse de la TVA à 6 % pour les pompes à chaleur en Wallonie. « Cette mesure exclut les nouvelles constructions pour le photovoltaïque ou les boilers thermodynamiques, contrairement aux années précédentes. »

Il pointe aussi du doigt la complexité administrative actuelle, notamment l’obligation de réaliser un audit énergétique pour bénéficier de certaines primes. « C’était bien plus pertinent auparavant. Aujourd’hui, un client qui veut simplement remplacer sa vieille chaudière se retrouve bloqué s’il ne veut pas rénover toute sa maison. Résultat : beaucoup renoncent aux primes, car l’audit coûte cher et les montants octroyés ont été rabotés », déplore-t-il. Il appelle à présent les politiques à rétablir des aides simplifiées, sans audit obligatoire.

Dans l’immédiat, le message de Nathan Depover est clair : « N’attendez pas tout de l’État ! Investissez pour vous-même dans votre logement et déconnectez-vous au maximum des incertitudes du réseau. »

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