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Bio-CNG et bio-GNL : solution alternative pour le transport décarbonisé

Actuellement, en Belgique, quelque 25.000 véhicules roulent au CNG, au GNL, au bio-CNG et au bio-GNL. Si cela représente moins de 1 % du parc automobile, c’est toutefois bien plus que le petit millier d’il y a 6 ans à peine. Pour Didier Hendrickx, Public Affairs Manager chez Gas.be, la marge de progression de ces carburants est encore très grande.

Texte : Philippe Van Lil

Quelles sont les spécificités respectives du CNG, du GNL, du bio-CNG et du bio-GNL ?
Didier Hendrickx

Didier Hendrickx : « Le CNG – Compressed Natural Gas – est du gaz comprimé à 200 bar. Il est principalement utilisé pour alimenter des véhicules particuliers, des camionnettes, des bus, des camions-poubelles et des camions destinés au transport national ou à des distances moyennes. Le GNL est du gaz naturel liquéfié – il s’agit de gaz refroidi à -162° -, principalement utilisé par des camions parcourant de longues distances. »

« Il y a en effet deux fois plus de contenu énergétique dans le GNL que dans le CNG, d’où une plus grande autonomie des véhicules pour de longues distances. Quand on parle de bio-CNG et de bio-GNL, ce sont les mêmes carburants mais produits à partir de gaz renouvelables. Pour l’instant, il s’agit principalement de biométhane. Celui-ci est produit à 80 % à partir de déchets agricoles – résidus de récoltes, lisier, fumier – et, pour le reste, à partir de déchets organiques tels que les boues de station d’épuration et les déchets biologiques des particuliers (déchets de cuisine, restes de repas). »

Quels sont les avantages de ces carburants ?

D. H. : « Aujourd’hui, la volonté générale est de réduire au maximum les émissions de gaz à effet de serre. Le CNG et le GNL permettent déjà de les faire baisser de 20 à 25 % par rapport aux carburants classiques. Vu les objectifs européens, il faut aller plus loin ! D’où le recours aux bio-CNG et bio-GNL qui sont zéro carbone ou quasiment. Ces carburants ont les mêmes spécificités physico-chimiques que le gaz naturel. C’est un énorme bénéfice dans le cadre de la mobilité et de la transition énergétique. »

Pour éviter les amendes, les constructeurs doivent en effet miser en toute grande partie sur les véhicules électriques.

Avec quel espoir pour l’avenir ?

D. H. : « On peut très bien imaginer une croissance de ces carburants bio à l’avenir pour remplacer le carburant fossile des véhicules. À ce propos, on peut s’étonner de la volonté européenne de sortir à tout prix du moteur à combustion interne à l’horizon 2030 ou 2035, alors que ces motorisations peuvent utiliser ces carburants décarbonés. »

« À mon sens, le rejet du moteur thermique est une vue hémiplégique par rapport à la réalité technologique et à la réalité de ce qui est immédiatement disponible aujourd’hui. Tout le réseau de stations CNG et LNG peut fonctionner à l’avenir aux bio-CNG et bio -GNL et ainsi alimenter des camions et véhicules en tous genres. »

À vous entendre, il y a un blocage au niveau politique…

D. H. : « La volonté politique de l’Europe est d’aller essentiellement vers l’électricité, alors que les véhicules au CNG polluent très peu. C’est à un point tel que les constructeurs automobiles se demandent actuellement s’il est opportun de continuer de fabriquer des véhicules particuliers, voire des camionnettes, au CNG. »

« Pour éviter les amendes, les constructeurs doivent en effet miser en toute grande partie sur les véhicules électriques. En ce qui concerne le transport lourd – camions, etc. – roulant au GNL, l’horizon est beaucoup plus dégagé. »

Au niveau européen, plus de 20 % des stations CNG délivrent déjà du bio CNG et, chaque jour, l’offre croît un peu plus.

Est-ce une réalité purement européenne ?

D. H. : « Tout à fait ! Ce n’est par exemple pas la réalité de l’Asie, où les constructeurs déploient massivement leurs infrastructures et commercialisent de plus en plus de véhicules CNG à côté de véhicules électriques ou même de véhicules à hydrogène. Il y a là une volonté très claire de pluralité de solutions de mobilité, de pluralité de technologies. Ce qui se passe en Europe est incompréhensible. »

Les stations-service CNG et GNL sont-elles présentes en nombre suffisant ?

D. H. : « Oui. Depuis 5 ans, la situation a fortement évolué. Au niveau européen, plus de 20 % des stations CNG délivrent déjà du bio CNG et, chaque jour, l’offre croît un peu plus. En Belgique, nous disposons aujourd’hui de plus de 150 stations, dont une centaine en Flandre et près d’une cinquantaine en Wallonie, auxquelles devrait encore s’ajouter une cinquantaine d’autres d’ici à cinq ans. C’est une couverture tout à fait raisonnable pour la flotte actuelle et l’offre de bio-CNG se déploie désormais. Elle s’étoffera encore progressivement, notamment à mesure que la flotte se développera. »

« À la mi-septembre, nous avons d’ailleurs encore inauguré une station bio-CNG à Houffalize. En Belgique, nous avons également une vingtaine de stations GNL pour camions. Signalons aussi qu’à l’avenir, outre le transport routier, le bio GNL alimentera aussi de plus en plus le transport maritime, un secteur qui nécessite également de gros efforts de décarbonation et de limitation de la pollution soufrée. »

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