Le tri des déchets sur chantier est un défi colossal. Pour s’y atteler intelligemment, Valipac développe depuis quinze ans le Clean Site System, qui défend la transition vers une économie circulaire pour les emballages industriels. Explications de Tom Vanwezer, Advisor Business Development, et Ingrid Bouchez Communication Manager chez Valipac.
Texte : Maria-Laetitia Mattern
En quoi consiste le Clean Site System ?
Tom Vanwezer : « En gardant un chantier propre et sûr, les entrepreneurs présentent une image positive de leur entreprise. Afin de les aider dans cette démarche, nous leur proposons un sac dédié uniquement aux housses rétractables et films étirables en plastique dans le secteur de la construction. »
« Concrètement, l’entrepreneur va acheter le sac chez son négociant en matériaux de construction, le remplit sur chantier et le ramène chez ce même négociant, où un opérateur de gestion des déchets vient le récupérer afin de l’envoyer au recyclage. Le sac du Clean Site System est plus qu’un simple sac : il implique tout un système d’économie circulaire.»
Ce projet existe depuis 15 ans. En quoi a-t-il évolué depuis son lancement ?
T.V. : « Depuis trois ans, notre concept ne se limite plus à la collecte du plastique, mais il consiste aussi en son intégration dans un processus d’économie circulaire, afin de réutiliser le contenu de ces sacs. Nous travaillons en partenariat avec des entreprises spécialisées dans le recyclage, qui procèdent par exemple à la granulation du plastique : transformé en petits granulés, le plastique est soufflé pour fabriquer de nouvelles housses d’emballage. »
« Résultat : on limite l’utilisation de nouveau plastique, tout en misant sur un recyclage au niveau local, puisque nos entreprises partenaires sont belges. Des déchets belges recyclés en Belgique ! »
Plutôt que de recycler le plastique, ne pourrait-on pas plutôt le remplacer ?
Ingrid Bouchez : « Dans le secteur de la construction, le plastique est un matériau-clé, dont on peut difficilement se passer. Il permet notamment le transport, en toute sécurité, des palettes de briques ou de tuiles, afin d’éviter par exemple qu’elles se renversent sur la route. C’est pourquoi nous misons plutôt sur le recyclage de ces déchets plastiques afin d’éviter l’utilisation de matières premières. »
Quels sont les principaux défis du Clean Site System ?
T.V. : « Le premier défi concerne la recyclabilité et l’éco-conception du plastique. Dans cette vision-là, Valipac incite ses clients à utiliser des emballages parfaitement recyclables et les encourage à limiter les impressions sur films plastiques. Trop de producteurs continuent à imprimer leur marque sur les films plastique : or, un film imprimé ne peut pas être intégré dans un processus de recyclage circulaire. Il existe des alternatives, comme ajouter une bannière imprimée autour de la palette, par exemple. »
Un autre défi est d’assurer la traçabilité des déchets pour garantir leur recyclage.
I.B. : « Favoriser la transition vers une économie circulaire pour les déchets industriels passe aussi par une augmentation de la collecte de ces déchets. D’abord, en augmentant le nombre de participants au Clean Site System : Valipac compte actuellement environ 8000 entrepreneurs utilisateurs, nombre que nous souhaitons faire croître. Mais aussi, par une augmentation du tonnage collecté, puisque ce sont ces déchets récupérés qui servent ensuite de matière première à la production des nouveaux emballages.
Un autre défi est d’assurer la traçabilité des déchets pour garantir leur recyclage. En Europe, la plupart de nos déchets sont encore envoyés en Asie pour être recyclés : il faut donc pouvoir les tracer et nous assurer que leur recyclage est effectif.
Le dernier défi est lié aux précédents : l’augmentation du tonnage collecté, l’amélioration de la recyclabilité des emballages et l’intégration de contenu recyclé dans les nouveaux emballages devrait permettre de développer les installations de recyclage en Europe. Pour le moment, elles ne sont pas assez nombreuses. Pourquoi ? Parce qu’il est à ce jour encore trop facile et moins coûteux d’envoyer nos déchets vers l’Asie.»
Le secteur de la construction est-il prêt à faire des efforts ?
T.V. : « Plus qu’on a tendance à le penser. Certes, il y a encore d’importantes améliorations à réaliser. Mais il s’agit d’un secteur dynamique, qui cherche à s’améliorer, et qui est très ouvert à l’idée de se lancer dans ces nouvelles initiatives.
Le secteur de la construction a toujours été un partenaire privilégié de Valipac. Nous tenons également à étendre les projets liés à l’intégration de contenu recyclé aux autres secteurs… Afin de créer une économie véritablement circulaire, où économie rimerait avec écologie. »