La nouvelle norme NDC pousse les acteurs du secteur du voyage à l’innovation. Accompagnée d’une véritable révolution technologique, elle remet en cause les acquis des 50 dernières années. Entretien avec Arnaud Degen, Administrateur de Degen Travel.

Arnaud Degen

Administrateur

Degen Travel

Quelles sont aujourd’hui les évolutions les plus marquantes dans le secteur du voyage ?

Arnaud Degen : «  L’évolution la plus marquante est l’établissement de la norme NDC (pour New Distribution Capability). Dans les années 70, les compagnies aériennes avaient créé le GDS (pour Global Distribution System) afin de distribuer les tickets de transport par le biais des agences de voyage de manière digitalisée. D’abord propriétés des compagnies aériennes, ces outils avaient été revendus à des acteurs IT qui sont, de fait, devenus des acteurs intermédiaires de la chaîne de valeur. »

La norme NDC permet aux différents acteurs du secteur de se connecter aux bases tarifaires des compagnies aériennes sans devoir passer par un intermédiaire.

« Cinquante ans plus tard, sous l’impulsion de l’International Air Transport Association, ces mêmes compagnies ont pour ambition de reprendre la maîtrise de la distribution des tickets de transport. C’est pour satisfaire cet objectif que la norme NDC a fait son arrivée sur le marché. Elle permet aux différents acteurs du secteur – tour-opérateurs, agence de voyages, … – de se connecter aux bases tarifaires des compagnies aériennes sans devoir passer par un intermédiaire. »

Comment vous êtes-vous positionné face à cette évolution importante ?

A. D :  « Nous avons adopté une stratégie que je qualifierai d’offensive. Afin d’être en avance sur nos concurrents et de satisfaire des voyageurs toujours plus exigeants, nous avons entamé des discussions avec des partenaires technologiques dans le but de proposer rapidement une offre de services correspondant à cette nouvelle réalité. Je suis en mesure de pouvoir dire que c’est chose faite car, après un an de développement, nous pouvons déployer la marketplace WonderMiles. Par le biais de cette plateforme de nouvelle génération, nous mettons à disposition de nos clients une interface voyageur facile d’utilisation et capable de proposer le contenu NDC de l’ensemble des acteurs du marché, des compagnies aériennes aux hôtels en passant par les agences de location de voitures. »

Concrètement, qu’est-ce que ça implique pour le voyageur ?

A. D : « Des économies et une plus grande flexibilité. Ainsi, lors de son parcours d’achat, le voyageur a accès à un tarif ‘producteur’, sans coût d’intermédiation, ce qui représente une économie directe allant jusqu’à 80 € par billet. De plus, grâce à l’intégration d’un ‘profil voyageur’ sur la plateforme, nous sommes en mesure de proposer des services additionnels basés sur les habitudes de voyage ( régime alimentaire, place dans l’avion, etc.) de nos clients. Enfin, notre plateforme intègre une intelligence artificielle qui lui permet de répondre aux éventuelles questions du voyageur en instantané et de lui fournir tout une série de détails qui favoriseront son confort. Il pourra par exemple en savoir plus sur la configuration de sa chambre d’hôtel ou s’il pourra y trouver une salle de sport. »

Réduire les coûts de déplacements

Plus que jamais, les entreprises doivent optimiser chaque pôle de dépense.

Arnaud Degen : « En matière de réduction, l’équation économique repose sur 3 paramètres : de bons contrats d’achats avec les fournisseurs, une bonne gestion des comportements qui doivent être encadrés dans la Travel Policy et les bons outils pour avoir accès à la bonne information.

Sur le premier point, il faut s’assurer de négocier et d’avoir accès à de bons contrats, soit en direct, soit au travers d’un bon partenaire qui vous offrira les meilleures conditions d’achat, idéalement avec l’accès au contenu NDC qui offre les meilleures conditions.

Ensuite, le comportement du voyageur est déterminant au moment de la réservation et l’évaluation du ROI d’un déplacement est fondamentale. Par exemple, dans le cadre de déplacements professionnels, nous avons pu observer que 25% des utilisateurs devaient effectuer des modifications sur l’un ou l’autre paramètre de leur voyage. Or, lorsqu’un voyageur réserve un billet d’avion nonflexible et que, pour une raison ou une autre, il doit effectuer une modification, le billet est totalement perdu. Dans ce cas de figure, l’opération va constituer un coût caché pour l’entreprise. Dès lors, Nous travaillons avec nos clients à l’analyse de KPI qui permettent de calculer l’économie potentielle que peut conférer l’achat de billets semi-flexibles, et donc modifiables sans frais. Il s’agit d’une réelle source d’économie que peu d’entreprises prennent en compte. De plus, nous suggérons aux voyageurs des alternatives au transport aérien dans le cadre de déplacements européens et poussons même nos clients à s’interroger sur le bien-fondé du déplacement, quand parfois une réunion en visioconférence suffit. Ici, l’objectif est simple : réduire de 10 à 20% les dépenses liées au déplacement et diminuer de 30 à 50 % les émissions de CO2 et donc l’impact environnemental des entreprises.

Enfin, nous accompagnons les entreprises dans la maîtrise de leurs process et de leurs outils pour les aider à prendre les meilleures décisions.»