Un peu par hasard, se laissant simplement guidé par sa passion pour le vin, Michel-Jack Chasseuil a accompli un exploit. Il est devenu le propriétaire de la plus belle cave au monde. Entretien avec ce collectionneur hors-norme.
S uivant l’exemple de ses parents, Michel-Jack Chasseuil commence à se constituer une petite cave personnelle alors qu’il n’a qu’une vingtaine d’années. « Après mon service militaire, mon premier emploi me conduit à participer à des diners d’affaires, où j’ai l’occasion de déguster de grands crus classés, comme des Margaux ou des Petrus. A cette époque, j’ai également la chance de passer des soirées en compagnie de clients sud-africains et australiens, qui me font découvrir leurs vins. Une passion naît alors. »
Élaborer un grand vin, c’est une forme d’art… Il subsiste une part de hasard !
A l’approche de la cinquantaine, le natif des Deux-Sèvres passe un cap supplémentaire : il décide de se constituer un patrimoine financier pour ses vieux jours. Familier des salles de vente, il achète de grands crus qu’il espère revendre le double quelques années plus tard. « Au début des années 2000, les cours se sont soudainement envolés. Les bouteilles que j’avais achetées 30 euros en valaient désormais 500 ! » Et voilà qu’avec ses 400 caisses de vin acquises chaque année, notre amateur de grands crus se retrouve de manière inopinée à la tête d’une petite fortune.
Une collection unique au monde
Il vend ensuite quelques bouteilles qu’il possédait en double pour acquérir des vins d’Australie, de Nouvelle-Zélande, d’Afrique du Sud et de Californie. Aujourd’hui, il possède plus de 50.000 bouteilles, une collection unique au monde. « J’ai acheté au bon moment. De nos jours, une caisse de Romanée-Conti avoisine les 12.000 euros… contre 300 il y a 40 ans ! Mais l’argent ne fait pas tout ! Il faut rendre visite aux vignerons, réserver des bouteilles… et parfois faire énormément d’efforts pour les obtenir ! »
A 83 ans, Michel-Jack Chasseuil conserve un amour intact pour le vin. Il a bien l’intention de transmettre son patrimoine à la postérité, en même temps que des photographies de vignerons côtoyés au cours des années, ainsi qu’un peu du sol de chaque terroir qu’il a chéri durant son existence et qu’il a conservé dans de petits bocaux. « Elaborer un grand vin, c’est une forme d’art », s’émerveille-t-il encore. « A partir du même cépage, on peut faire des crus très différents, comme un Chambertin puissant ou un Musigny tout en finesse. C’est aussi une leçon d’humilité face à la nature : le savoir-faire du vigneron ne suffit pas pour faire un grand vin… Il subsiste une part de hasard ! »