Les crises qui traversent notre civilisation – climatique, sanitaire, économique, sociale et culturelle – sont des crises systémiques qui nous imposent humilité et responsabilité, la modification de nos comportements autant que le devoir de nous réinventer.
La ville, par sa concentration d’individus et d’activités, cristallise tous les excès. Elle est autant un révélateur de l’état de notre civilisation qu’un formidable laboratoire de recherche et de développement de solutions nouvelles, pour créer les conditions du développement durable.
Si Bruxelles porte en elle tous les ingrédients d’une grande métropole contemporaine – historique, cosmopolite, active, institutionnelle, culturelle, universitaire, verte – elle reste pourtant à la traine des grandes villes européennes en matière d’attractivité et d’investissements.
Comment expliquer en effet que la valorisation de son parc immobilier soit toujours 3 à 5 fois inférieure à celle des capitales voisines, Paris, Luxembourg et Amsterdam ? Et qui oserait prétendre sérieusement aujourd’hui que Bruxelles est la capitale de l’Europe au regard de l’état de déliquescence de ses quartiers et de ses infrastructures ?
A ce cercle vicieux, il y a urgence à substituer un nouveau cercle vertueux.
Gouvernance du territoire
La gouvernance du territoire est le corolaire du développement durable. L’autorité publique a un devoir d’exemplarité en la matière, elle doit proposer un cap ambitieux et créer les conditions pour qu’il fédère tous les acteurs concernés sur le long terme.
Elle doit aussi investir massivement dans l’espace public et les équipements publics. Ils sont l’expression de la gouvernance, c’est-à-dire aussi de la bienveillance que l’autorité publique porte à l’égard des citoyens, quel que soit leur statut social. Plus le citoyen est respecté, plus il respecte l’espace public et le processus démocratique.
En Belgique, il existe un véritable savoir-faire en matière de développement durable.
Cependant, les initiatives reposent encore trop sur la bonne volonté des acteurs privés qui s’époumonent et finissent par aller voir ailleurs, tant le millefeuille institutionnel est un frein inouï au développement. Et les (trop rares) grands projets urbains s’enlisent, offrant peu de perspectives enthousiasmantes…
Nous n’avons pourtant pas à rougir à Bruxelles des initiatives publiques qui se sont développées ces dernières années, entre le standard passif imposés aux immeubles neufs en 2015, les différents appels à projets exemplaires et la méthodologie mise en œuvre par la cellule du « maitre architecte ».
Le devoir d’innovation
Nous avons une responsabilité collective quant à ce que nous léguons aux générations futures. Si cette responsabilité impose la modification des comportements et des usages, elle impose aussi de sortir de notre zone de confort, de nous réinventer.
L’innovation, c’est « faire autrement pour faire mieux ». C’est créer de la valeur ajoutée, sublimer le réel, explorer le champ des possibles, jeter des passerelles vers notre futur. L’innovation est indissociable du progrès.
Il y a en Belgique un véritable savoir-faire en matière de développement durable, des bureaux d’études et des entreprises qui conçoivent mieux, qui construisent mieux, un trésor qui ne demande qu’à être exploité.
Il y a quelques années, la Ville de Paris avait lancé « Réinventer Paris », un grand plan d’action catalyseur d’innovation en matière d’aménagement du territoire, vivier aujourd’hui d’un dynamisme économique et écologique remarquable.
A quand un grand plan « Réinventer Bruxelles » ?