Tempêtes, inondations, sécheresse, vagues de chaleur… Les risques climatiques extrêmes s’intensifient, tout comme leurs répercussions sur les entreprises et les infrastructures. Cependant, de nos jours, les assureurs sont encore rarement perçus comme des acteurs majeurs de l’adaptation climatique.

Tabea Müller
Responsable Climate Resilience pour le Benelux chez Zurich Resilience Solutions
À tort, affirme Tabea Müller, responsable Climate Resilience pour le Benelux chez Zurich Resilience Solutions : « Les assureurs disposent de données, de modèles et d’une expertise unique. Nous sommes des partenaires fiables pour aider les entreprises à se préparer. »
Agir sur deux fronts
Face au défi climatique, deux leviers s’imposent : réduire l’empreinte carbone (la mitigation) et s’adapter aux effets déjà visibles (l’adaptation). Zurich agit sur les deux. « L’entreprise vise la neutralité carbone d’ici 2030, mais nous devons aussi accompagner nos clients face aux conséquences qui se manifestent dès aujourd’hui », explique Tabea Müller. Son équipe se concentre sur cette seconde approche. « L’adaptation, c’est du pur risk management. On identifie les menaces, on les évalue, on propose des solutions concrètes. Avec les risk managers, les CSO, les CFO et autres décideurs, nous établissons un diagnostic précis des risques climatiques et les aidons à structurer leur reporting climatique. »
Des solutions sur mesure
C’est justement cette expertise qui a donné naissance à Zurich Resilience Solutions. « Nos clients ont vite compris que nous pouvions faire bien plus que proposer des produits d’assurance. Ils ont commencé à nous solliciter pour les aider à anticiper les impacts du changement climatique. » Les ingénieurs de Zurich évaluent, site par site, les menaces spécifiques : orages violents, grêle, inondations, sécheresse… À partir de ces analyses, l’assureur formule des recommandations concrètes : adaptation des processus, renforcement des infrastructures, voire ajustements de la couverture d’assurance.
Chaque secteur, ses vulnérabilités
« Le risque climatique n’épargne aucun secteur, mais il se manifeste différemment selon les activités », rappelle Tabea Müller. Exemple dans l’automobile : chez un constructeur, la menace vient des grêlons. « Nos modèles prédisent leur probabilité par zone. Le client peut alors protéger ses véhicules, installer un filet de protection, ou adapter sa police d’assurance. » Dans l’agroalimentaire, le danger est ailleurs : « Un centre logistique inondé devient vite inaccessible. Or, les produits sont périssables en quelques jours. Si les camions ne peuvent plus circuler, les pertes sont colossales. Grâce à nos outils, on peut anticiper ces scénarios et mettre en place des plans d’action. »
Nous avons des ingénieurs en interne capables d’évaluer techniquement les risques comme les tempêtes, la grêle, les inondations ou la sécheresse.
Les autorités publiques aussi en quête de repères
Les pouvoirs publics ne sont pas en reste. De plus en plus de villes et de communes sollicitent Zurich pour évaluer leur exposition aux événements climatiques extrêmes. « Face à une vague de chaleur, les autorités veulent savoir qui est le plus vulnérable. Où se trouvent les lieux frais accessibles ? Ces distances sont-elles praticables pour des personnes âgées ou en situation de handicap ? Nous répondons à ces questions grâce à des données géospatiales et des cartes. » Même logique pour les infrastructures critiques. « Lors de fortes pluies, il faut garantir l’accès aux hôpitaux et commissariats.
Nous calculons les stagnations d’eau possibles, leur fréquence, et l’impact sur la mobilité. Cela permet aux communes de repenser leur réseau d’égouts, leur voirie, et sa politique de végétalisation. »
Banques et climat : un partenariat d’avenir
Zurich étend également son expertise au secteur financier. « Nous avons récemment lancé une collaboration avec Deutsche Bank. D’autres banques nous sollicitent pour évaluer la sécurité climatique des logements avant d’octroyer un prêt ou d’investir. » Une tendance de fond, selon Müller : « La sécurité climatique devient un critère d’investissement. » Pour y répondre, Zurich fournit des analyses détaillées des risques à l’échelle d’un portefeuille immobilier ou industriel.
Prévenir plutôt que guérir
L’augmentation des sinistres liés au climat montre l’urgence d’agir. Mais pour Müller, c’est aussi une opportunité : « L’adaptation climatique n’est pas une charge, c’est un investissement dans la continuité des activités. » Et de conclure : « En tant qu’assureur, notre rôle ne se limite pas à indemniser après coup. Notre vraie valeur ajoutée, c’est d’aider les entreprises et les collectivités à éviter les dégâts. C’est là que nous faisons la différence. »