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IA : les Pouvoirs locaux en quête de souveraineté numérique

En collaboration avec
Joël Lambillotte, directeur général adjoint d’iMio et Frédéric Rasic, directeur général d’iMio.
En collaboration avec
Joël Lambillotte, directeur général adjoint d’iMio et Frédéric Rasic, directeur général d’iMio.

L’intelligence artificielle s’installe petit à petit à tous les étages de nos vies. Et les Pouvoirs locaux n’y échappent pas. Pour proposer des services toujours plus adaptés aux citoyens, encore faut-il maîtriser ces technologies et leur cadre d’application.

© PHOTO : JONATHAN PIRON

À mesure que l’intelligence artificielle (IA) s’impose dans les usages numériques du quotidien, les communes belges se penchent sur une question-clé : comment intégrer ces nouveaux outils de manière utile, éthique et durable? 

« L’IA suscite beaucoup d’intérêt, mais aussi des interrogations légitimes. Notre rôle est d’y répondre de manière structurée et partagée », explique Frédéric Rasic, directeur général d’iMio, intercommunale wallonne fondée par les villes et communes elles-mêmes pour mutualiser leurs ressources numériques. Aujourd’hui, iMio accompagne plus de 440 Pouvoirs locaux dans leur transition digitale. 

Des défis à relever collectivement 

Si les potentialités de l’IA sont nombreuses, leur mise en œuvre doit s’inscrire dans un cadre clair. « Tout le monde connaît ChatGPT, mais peu savent ce qu’il se passe en arrière-plan. On parle beaucoup d’IA, mais on en est encore au début du processus », rappelle Frédéric Rasic. Il insiste sur la nécessité d’avancer de façon progressive, en s’appuyant sur les expériences de terrain. 

L’IA n’est pas un gadget. C’est un outil puissant, qui doit être utilisé à bon escient et dans un contexte bien défini.

La question de la souveraineté des données, centrale dans les services publics, renforce cette prudence. « Lorsqu’on utilise ses propres données, on en reste responsable. Cela suppose de savoir où elles sont stockées, qui y a accès, et dans quel but », complète-t-il. 

Allier innovation et cadre de confiance 

Chez iMio, une conviction guide l’approche : la technologie ne doit jamais précéder le cadre dans lequel elle s’inscrit. « L’IA n’est pas un gadget. C’est un outil puissant, qui doit être utilisé à bon escient et dans un contexte bien défini », souligne Joël Lambillotte, directeur général adjoint

C’est pourquoi chaque démarche repose d’abord sur l’écoute des réalités locales. Diagnostics de terrain, groupes de travail, échanges entre pairs : les solutions développées s’appuient sur une gouvernance partagée. « Les communes ont parfois des profils différents, mais elles font souvent face à des enjeux communs. Notre rôle est d’identifier ces besoins et d’y répondre collectivement. » 

Des cas d’usage concrets et mesurés 

Plusieurs projets pilotes illustrent cette approche dans nos logiciels  : faciliter la rédaction et la synthèse des délibérations communales, automatiser le classement de documents, faciliter la construction des plans stratégiques transversaux (PST) à partir des priorités politiques locales. 

Ces outils visent à accompagner le travail des agents sans jamais les remplacer. « L’IA peut améliorer la qualité des données et faire gagner du temps sur certaines tâches, mais doit laisser la maîtrise aux équipes sur le terrain », précise Joël Lambillotte. C’est une manière de renforcer le service public, pas de le standardiser. 

Il s’agit de garder le contrôle sur ses données, ses choix technologiques, et de pouvoir évoluer sans dépendre d’acteurs extérieurs. Ce n’est pas être contre l’innovation, mais veiller à ce qu’elle serve l’intérêt général.

Souveraineté et maîtrise des choix 

Au-delà des outils, la stratégie d’iMio repose sur un principe fondamental : garantir la souveraineté numérique des Pouvoirs locaux. « Il s’agit de garder le contrôle sur ses données, ses choix technologiques, et de pouvoir évoluer sans dépendre d’acteurs extérieurs. Ce n’est pas être contre l’innovation, mais veiller à ce qu’elle serve l’intérêt général », souligne Frédéric Rasic. 

Pour cela, iMio privilégie les logiciels libres, l’hébergement local, la transparence des algorithmes et l’interopérabilité. « Ce sont des choix qui permettent aux communes de rester maîtresses de leurs outils et de les adapter à leurs besoins, plutôt que de s’adapter aux solutions du marché », complète Joël Lambillotte.

Un modèle coopératif sur le long terme 

Ce positionnement est porté par le modèle même d’iMio : une intercommunale gouvernée par ses membres. « Nous ne vendons pas un produit, mais un service co-construit, qui évolue avec et pour les communes », insiste Frédéric Rasic. Cela permet une mutualisation équitable des moyens, une montée en compétences partagée, et une innovation encadrée. 

Dans un monde numérique en perpétuelle évolution, les communes choisissent ainsi de ne pas céder à la précipitation. Travailler avec l’IA, oui — mais avec réflexion et une stratégie à long terme, selon leurs besoins, et en adéquation avec leurs missions de service public.

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