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Allier le digital à la préservation de l’environnement et de l’eau

En matière d’assainissement des eaux usées, les nouvelles technologies permettent de résoudre de nombreux défis : monitoring des pollutions en temps réel, gestion à distance des ouvrages, optimisation de l’utilisation des ressources. Christian Didy, Responsable des Services Exploitation, Recherche & Développement de la Société publique de gestion de l’eau (SPGE), nous en fournit quelques exemples significatifs en Wallonie.

Christian Didy

Responsable des Services Exploitation,
Recherche & Développement

En quoi les nouvelles technologies permettent-elles une meilleure gestion des ouvrages d’assainissement ?


Christian Didy :
« Depuis de nombreuses années, nous avons recours aux technologies de ‘smartisation’ au sens large : téléalarme, télésurveillance, télégestion, etc. Celles-ci nous ont permis d’assurer la mission historique de l’assainissement : épurer les eaux usées. À présent, nous rentrons dans une nouvelle dynamique, en adoptant une approche plus innovante et également plus prédictive. L’idée est par exemple de suivre les pollutions sur les réseaux, en alliant internet des objets (IoT) et intelligence artificielle, en mesurant différents paramètres en continu et en utilisant ces données et ainsi anticiper ce qui va arriver dans les stations d’épuration (Clear Upsteam avec la société Kando). Cette anticipation permet d’adapter les process, notamment en modifiant les consignes d’aération dans les bassins. Ce n’est ici qu’un exemple ; en réalité, le potentiel de ces technologies est énorme. Il se manifeste entre autres par des projets sur la résilience des ouvrages face aux enjeux climatiques, les économies d’énergie dont, par exemple, la transformation des boues d’épuration en chaleur et en électricité, le projet RTC (Real Time Control), etc. »

En quoi consiste-t-il ?

C. D. : « L’essentiel du réseau d’égouttage wallon est unitaire. Il reprend tant des eaux usées que des eaux de ruissellement. Nous souhaitons utiliser au mieux toutes les capacités de stockage disponibles. L’interconnexion des bassins d’orage, des stations de pompage, des collecteurs et des stations d’épuration permet, au travers d’automates de gestion et de communication, d’optimiser la gestion des charges hydrauliques et polluantes arrivant à la station d’épuration. »

Le potentiel des nouvelles technologies est énorme : il se manifeste entre autres par des projets sur la résilience des ouvrages face aux enjeux climatiques.

Un autre plan d’importance est Get Up Wallonia…

C. D. : « Effectivement ! Dans le cadre de celui-ci, nous finançons la réalisation de cadastre du réseau, ce qui consiste, après curage et éventuellement endoscopie, à le digitaliser. Une fois que cela est fait, nous pouvons relier ces informations numérisées à des outils tels que ceux déployés dans le cadre du projet Amogeo. Ce projet vise à intégrer, via tablettes, les relevés des opérateurs de terrain directement dans notre base de données centralisée. Nous pouvons ainsi mettre à disposition immédiatement les informations aux services concernés et planifier au mieux les interventions requises. On entre ainsi dans une gestion des opérations et des équipements quasiment en temps réel. »

Le secteur de l’assainissement est un secteur qui évolue fortement et la dimension ‘smart’ s’amplifiera dans les années à venir.

Un autre exemple ?

C. D. : « Un beau projet en cours également a trait au monitoring des surverses des déversoirs d’orage. Ces ouvrages assurent la sécurité hydraulique des réseaux en période de fortes pluies. Nous équipons actuellement 500 de ces ouvrages avec des sondes capacitives qui détectent les surverses vers le milieu récepteur. D’autres sondes mesurant le niveau d’eau dans la canalisation permettent de déterminer le volume des surverses. Elles sont couplées à des préleveurs d’échantillons qui permettent d’évaluer la pollution. Tout cela permet donc d’évaluer ce qui part éventuellement dans l’environnement, de planifier les travaux, de réduire les temps d’intervention en cas de problèmes et de n’intervenir qu’en cas de nécessité. »

Quels sont les investissements financiers pour tous ces efforts de modernisation ?

C. D. : « Sur le plan financier, l’Europe impose la construction d’une série d’ouvrages dans une logique d’obligation de résultats et non plus, comme par le passé, dans une logique d’obligation de moyens. Au cours des 20 dernières années, pas moins de 4 milliards d’euros ont été investis par la SPGE dans le secteur de l’eau. Certains investissements sont liés à de la smartisation et ont permis notamment de réaliser de sérieuses économies et ce, grâce à l’innovation sur les plans technologique, financier et administratif. Le secteur de l’assainissement est un secteur qui évolue fortement et la dimension ‘smart ‘ s’amplifiera dans les années à venir. Aujourd’hui, nous attendons d’un agent qu’il soit plus ouvert aux technologies qu’auparavant. On allie donc concrètement le digital à la préservation de l’environnement et de la ressource en eau. »

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