Crise sanitaire, inactivité forcée, inflation vertigineuse, hausses brutales des prix de l’énergie… Le pouvoir d’achat des ménages belges est sous pression. Selon leurs émetteurs, les titres sociaux comme les chèques-repas peuvent contribuer à le préserver en partie.
Balancier inversé
Pour Jean-Louis Van Houwe, CEO de Monizze, société émettrice de titres sociaux, « l’impact réel de la crise actuelle sur le pouvoir d’achat des travailleurs est encore difficile à quantifier. Toutefois, les données des transactions liées aux chèques-repas, écochèques, chèques sport et culture et chèques-cadeaux permettent de s’en faire indirectement une idée. »
L’optimisation consiste à accorder une augmentation de pouvoir d’achat à ses collaborateurs, sans que cela coûte trop cher en termes de rémunération brute.
Ainsi, durant la crise sanitaire, le nombre de transactions individuelles a eu tendance à baisser. « Les ménages tentaient de minimiser le nombre de sorties en magasin durant le confinement et faisaient de plus grosses courses », relate notre interlocuteur. Depuis février dernier, le mouvement s’est inversé : « Mais aujourd’hui, même si les transactions sont plus fréquentes, leur montant moyen a diminué de 10 % environ », constate Corentin Dubois, Sales & Customer Care Director. « Les consommateurs utilisent leur pouvoir d’achat de manière plus contrôlée en se concentrant sur les achats essentiels. »
Attentistes ou réactives
À l’heure actuelle, les entreprises réagissent de manière contrastée par rapport aux difficultés que rencontrent certains de leurs collaborateurs. « Certaines sociétés adoptent une attitude attentiste », estime Jean-Louis Van Houwe. « Confrontées à la perspective d’une prochaine indexation, à concurrence de 10 %, et à l’envolée de leurs coûts énergétiques, elles attendent de voir comment le gouvernement réagira pour donner un coup de pouce au pouvoir d’achat. »
A contrario, d’autres entreprises réagissent déjà, en fonction de deux principes : l’optimisation et la maximalisation. Jean-Louis Van Houwe : « L’optimisation consiste à accorder une augmentation de pouvoir d’achat à leurs collaborateurs, sans que cela leur coûte trop cher en termes de rémunération brute, et donc en recourant au mécanisme des titres sociaux. La maximisation revient à accorder la marge la plus large possible des montants disponibles, le but étant d’attirer ou de retenir des collaborateurs. » « Il ne faut pas cependant s’imaginer que les entreprises commencent à distribuer des chèques à plein pot. Elles font un geste, mais un geste mesuré », tempère Corentin Dubois.
Masse salariale considérable
Les différents mécanismes de titres sociaux équivalent à un pouvoir d’achat considérable : près de 2,5 milliards d’euros pour les chèques-repas et 350 millions pour les écochèques. Les chèques sport et culture et les chèques-cadeaux représentent des montants bien plus réduits.
Tous ensemble, ces mécanismes ont un impact significatif sur le pouvoir d’achat net. « D’une valeur faciale plafonnée à 8 euros, les chèques-repas financent un bon tiers des achats de nourriture des ménages. Mais ce n’est pas suffisant », estime Jean-Louis Van Houwe. « Il est difficile de trouver un repas chaud et bien équilibré à ce prix-là. Aujourd’hui, quelque 65 % des utilisateurs considèrent qu’il faudrait augmenter le plafond à hauteur de 12 euros. »
Effets de bord
Même discours concernant les écochèques : « Ils sont actuellement attribuables à concurrence de 250 euros par an. Ce plafond mériterait d’être relevé car ils servent entre autres à payer l’isolation d’un logement, donc à réduire la consommation énergétique. » Toutefois, constate le CEO, « la valeur des achats d’un ménage est généralement deux fois supérieure à celle de l’écochèque. Il agit donc comme un incitant. On peut en outre considérer que 1 euro dépensé via ce chèque correspond à 1 kg de CO2 émis en moins. »
Les chèques sport et culture présentent eux aussi des effets de bord très positifs. Les consommateurs améliorent leur santé en pratiquant du sport ou remplument le secteur culturel, qui a particulièrement souffert de la longue crise sanitaire.
Un pas plus loin
Ces différents titres sociaux génèrent manifestement d’importants effets positifs pour les ménages et pour l’économie belge dans sa globalité. Le chèque consommation et la prime Corona sont encore venus renforcer le dispositif. « À elles seules, ces deux mesures représentent l’injection de 600 millions d’euros dans l’économie, captés par les commerces », précise Corentin Dubois, qui estime toutefois qu’on peut aller plus loin : « Monizze étudie les moyens de flexibiliser encore le système des titres sociaux, à la fois pour coller au plus près aux besoins très variables des utilisateurs, et également pour ajouter des dimensions supplémentaires à l’offre, comme la mobilité. »
Et Jean-Louis Van Houwe de conclure : « Face aux crises, nos solutions apportent une aide directe aux ménages, tout en garantissant au gouvernement que les moyens sont bien affectés à ceux qui en ont besoin. »