Imposé par la crise sanitaire, le télétravail ne disparaîtra pas. Dans quelle mesure y aura-t-ton recours ? Jan Heyvaert, Chief Human Resources & Sustainability Officer chez AG Insurance, estime que les entreprises sont aujourd’hui dans une phase d’expérimentation.
Texte : Philippe Van Lil
En quoi la crise sanitaire a-t-elle changé l’approche du télétravail ?
Jan Heyvaert : « Cette crise a accéléré son développement. Auparavant, les managers le croyaient difficile à mettre en place pour plusieurs jours par semaine, en grande partie car il nécessite un rapport de confiance avec les télétravailleurs. La crise a démontré qu’il fonctionne, que les collaborateurs ont réussi en grande partie à prendre leurs responsabilités. »
Ce mode de travail va-t-il perdurer ?
J. H. : « Personne n’est à même de dire aujourd’hui comment nous travaillerons demain. Il va falloir tester des solutions pour maintenir l’équilibre entre le travail à domicile et au bureau, entre les préférences individuelles et l’intérêt collectif. Le télétravail à 100 % n’est pas la solution idéale car la connexion avec les équipes est essentielle.
Depuis un an et demi, le télétravail été vécu ‘en mode survie’, forcé par l’urgence de la situation. Cela a réussi à certaines personnes, pas à d’autres. À présent, il faudra continuer de gérer la liberté et les responsabilités qui y sont liées, de bien délimiter le temps de travail et celui consacré au privé, de définir les tâches qui seront exécutées soit au domicile soit au bureau. »
Avant, on se demandait combien de jours travailler à la maison. Aujourd’hui, on se demande combien de jours travailler au bureau.
La présence au bureau ne se limitera-t-elle pas essentiellement au travail d’équipe ?
J. H. : « Ce n’est pas si évident que ça ! Les échanges informels, même pour des tâches réalisables à domicile, sont essentiels ; ils facilitent le travail en raison soit des échanges d’expériences, soit du partage émotionnel. Une fois encore, pour l’instant, il faut expérimenter des choses et ne rien imposer en termes de modèles définitifs de New Ways of Working. Chacun doit pouvoir trouver sa place… et cela ne sera pas pareil pour tout le monde ! »
Que testez-vous au sein de votre entreprise ?
J. H. : « Le retour au bureau deux jours par semaine, dont l’un en équipe… complète ! Mais si une personne préfère venir au bureau chaque jour, elle est la bienvenue. Il est à noter que nous avons inversé notre vocabulaire. Avant, on se demandait combien de jours travailler à la maison. Aujourd’hui, on se demande combien de jours travailler au bureau. »