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« La fibre optique couvrira 70 % du territoire en 2028 »

Proximus étend et accélère sa stratégie de déploiement de la fibre optique. Guillaume Guévar, Director Fiber Program de l’opérateur télécom, nous en détaille les enjeux dans le cadre de la transformation digitale.

Texte : Philippe Van Lil – photos : Jonas Roosens

Quelle position occupe la Belgique en matière de déploiement de la fibre ?
Guillaume Guévar, Director Fiber Program de Proximus.

Guillaume Guévar : « En termes de pénétration de la fibre, elle accusait un certain retard par rapport à d’autres pays européens, que nous sommes en train de rattraper ; nous couvrons actuellement près de 10 % du territoire. Jusqu’il y a quelques années, la Belgique était une référence et assurait l’une des meilleures couvertures et l’une des meilleures qualités pour des réseaux entre 30 et 100 mégabits, qui étaient alors suffisants pour les besoins de l’époque. Ceux-ci ont cependant nettement évolué depuis lors. Dans l’intervalle, d’autres pays européens, qui accusaient un retard ont sauté une génération technologique pour investir directement dans la fibre, aidés par des interventions étatiques. Toutefois, nous sommes en passe de résorber notre retard, grâce à des investissements énormes et des partenariats d’investissement. Dans le classement européen des opérateurs, notre pays affiche d’ailleurs le taux de croissance le plus élevé en termes de couverture de fibre optique. De plus, dans le cadre des plans de relance belges et européens, des discussions sont en cours pour aider à financer les zones plus rurales et aller au-delà des 70 %. »

Les avantages de la fibre sont fondamentaux pour supporter les applications liées au cloud, à l’intelligence artificielle et à la réalité virtuelle.

Quelle est la plus-value de la fibre optique ?

G. G. : « La fibre est la nouvelle autoroute de demain pour accéder à internet et à l’information. Elle remplacera les anciens réseaux et sera complémentaire à la 5G. Notre ambition est de couvrir environ 10 % supplémentaires par an pour atteindre 70 % de la population et des entreprises d’ici à 2028. La fibre offre plusieurs avantages majeurs. Le premier est la bande passante, virtuellement infinie ; elle permet d’offrir une vitesse de connexion de l’ordre de 10 à 25 Gbit/s, soit 10 à 100 fois plus que les réseaux actuels. »

Il faudra couvrir 220.000 km de rues pour déployer partout l’infrastructure de fibre optique.

« Le deuxième est la symétrie entre les vitesses d’envoi et de réception des données. Le troisième est la latence, à savoir le temps nécessaire pour qu’un paquet de données soit transmis de l’émetteur au destinataire et renvoyé à l’émetteur.  Relevons encore deux autres avantages de la fibre optique : la stabilité et la sécurité car la fibre n’est pas soumise aux interférences électromagnétiques et repose sur les derniers standards de sécurité. »

En quoi est-ce important ?

G. G. : « Les avantages de la fibre sont fondamentaux pour supporter les applications liées au cloud, à l’intelligence artificielle et à la réalité virtuelle. Cela sera par exemple utile pour les lunettes de réalité virtuelle qui nous plongent dans un environnement tel que la future maison que nous désirons visiter à distance à 360 degrés. Ce sera aussi essentiel pour des applications liées à l’e-éducation ou l’e-santé, comme des actes chirurgicaux à distance en temps réel, pour lesquels la latence devra bien sûr être réduite à zéro. »

Quelle stratégie mettez-vous en place pour déployer la fibre ? 

G. G. : « Notre stratégie repose à la fois sur l’investissement et des partenariats dans l’infrastructure ainsi que sur des innovations au niveau des produits et des services avec des équipementiers tels que Nokia. Ces derniers développent les technologies et les applications qui seront nécessaires à l’avenir et que nous testons déjà aujourd’hui. Dans le cadre de ces applications, nous sommes aussi en discussion avec des clients potentiels qui ont des besoins très pointus afin d’anticiper ceux-ci. Que ce soit pour aider nos clients à se digitaliser ou nous digitaliser nous-mêmes au sein de notre entreprise, créer des partenariats et des écosystèmes est essentiel. »

Trouver du personnel qualifié tout comme accélérer la digitalisation dans les processus de travail exigent de se réinventer.

Y compris des partenariats financiers ?

G. G. : « Oui, financiers mais aussi opérationnels. Pour étendre et accélérer le déploiement de la fibre en Belgique, nous mettons effectivement en place des partenariats d’investissement avec des sociétés internationales. En Flandre, nous avons fondé la société Fiberklaar avec le fonds d’investissement suédois EQT ; en Wallonie, une joint-venture avec Eurofiber devrait voir le jour dans les mois à venir. Soulignons que tout l’infrastructure mise en place avec ces partenaires est aussi accessible à d’autres opérateurs que Proximus. Autre élément important : toute notre stratégie s’inscrit dans un cadre beaucoup plus vert et durable qu’auparavant et tous nos partenariats vont dans le sens de cette nouvelle dynamique sociétale. »

Outre les défis opérationnels et financiers, c’est aussi un défi humain…

G. G. : « On doit en effet couvrir 220.000 km de rues pour déployer partout l’infrastructure de fibre optique. Cela nécessite énormément de compétences, du ‘civil work’ – pour creuser des tranchées, monter des câbles, raccorder les clients, etc. – au jointage de câblage. On parle de milliers d’emplois pour les mois et années à venir. Trouver du personnel qualifié tout comme accélérer la digitalisation dans nos processus de travail exigent de nous réinventer au sein de notre société, comme c’est le cas d’ailleurs pour toutes les entreprises impliquées dans le développement de la fibre. »

« Au-delà de la fibre comme catalyseur de la transformation digitale chez les particuliers et les entreprises, les opérateurs ont également un rôle d’accompagnement du client final dans son propre processus de digitalisation. Cela représente un défi au moins aussi important que celui de mobiliser des moyens opérationnels et financiers ! »

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