Au-delà de sa nécessité environnementale, la transition énergétique se profile comme un puissant levier de transformation et d’innovation pour l’écosystème industriel wallon. Renaud Dachouffe, Energy & Innovation Catalyst au Cluster TWEED, et Philippe Stégen, Sustainable Energy Progam Manager chez Pôle MECATECH, nous éclairent sur les mutations en cours et les stratégies mises en œuvre pour soutenir cette dynamique.

Renaud Dachouffe
Energy & Innovation Catalyst au Cluster TWEED

Philippe Stégen
Sustainable Energy Progam Manager chez Pôle MECATECH
Un écosystème en plein bouleversement
La transition énergétique impacte profondément le contexte techno-économique des entreprises, selon Renaud Dachouffe. « Cette transformation s’observe à trois niveaux clés : production, distribution et consommation. Au niveau de la production, l’abandon indispensable du fossile pousse à une diversification des moyens de production. Au-delà de l’éolien et du photovoltaïque, des solutions innovantes comme le stockage et les réseaux de chaleur – fatale, géothermique, renouvelable) sont explorées. En outre, de nouveaux vecteurs énergétiques doivent être développés (H2, CO2). »
La distribution est confrontée à une congestion grandissante des réseaux électriques, nécessitant une gestion adaptée de la flexibilité. « L’objectif est d’augmenter le taux d’utilisation des infrastructures par de nouveaux mécanismes. Ceci permettra d’accueillir les productions renouvelables et de fournir les nouveaux usages, tout en limitant le besoin d’investissements publiques. » Enfin, au niveau de la consommation, les entreprises doivent s’adapter en modifiant leurs équipements et leurs habitudes de consommation pour mieux correspondre aux nouveaux profils des vecteurs énergétiques.
L’électrification, créatrice de valeur et d’emplois locaux
Pour Philippe Stégen, l’impact est particulièrement marqué pour les entreprises fortement consommatrices : « Elles devront revoir leurs procédés. Cela implique une électrification croissante de certains éléments, ce qui génère un besoin important en recherche et développement et en investissement. »
À ses yeux, le défi est double : produire plus d’électricité décarbonée et permettre une plus grande consommation industrielle de cette énergie propre. « Au-delà de l’adaptation des procédés, la transition énergétique offre une occasion unique de réindustrialisation. En Europe, on souhaite que d’ici à 2030, 40 % des technologies nécessaires à la transition proviennent d’Europe. » Actuellement, ces technologies sont majoritairement importées. La Wallonie a donc une carte à jouer pour développer des composants, capteurs, échangeurs, systèmes électroniques et autres équipements essentiels à cette transition, créant ainsi de la valeur et de l’emploi local.
En Europe, on souhaite que d’ici à 2030, 40 % des technologies nécessaires à la transition proviennent d’Europe.
Des leviers concrets
Pour soutenir cette dynamique, le Cluster TWEED et Pôle MECATECH déploient plusieurs leviers. Renaud Dachouffe met l’accent sur quatre axes, en se focalisant sur le vecteur électrique. Un : identifier et animer les « écosystèmes des offreurs wallons » , c’est-à-dire les entreprises possédant les compétences et solutions techniques pour répondre aux problématiques des gestionnaires de réseau.
Deux : s’inspirer des bonnes pratiques internationales, notamment des Pays-Bas qui, devant gérer des problèmes importants de congestion du réseau depuis plusieurs années, ont dû travailler à des solutions potentiellement transposables en Wallonie. « Les collaborations européennes permettent de remonter les bonnes pratiques et de structurer de nouveaux partenariats. » Trois : soutenir les infrastructures pour qu’elles puissent supporter ces nouveaux équipements et modèles. Quatre : encourager l’innovation en Wallonie, notamment au sein des PME.
Philippe Stégen détaille les actions du Pôle MECATECH autour de l’innovation et de la réindustrialisation : booster l’émergence de nouveaux projets innovants collaboratifs et accompagner les entreprises pour permettre la réindustrialisation. « Des accompagnements sur mesure comme le programme Cap Impact, qui vise à optimiser les processus clés, sont proposés. Le pôle facilite également la résolution de défis technologiques via des ‘Open Labs’, en collaboration avec les universités et centres de recherche. » À titre d’exemples de projets R&D accompagnés, il cite le projet de CODIHT, qui développe de nouvelles solutions de comptage pour les sous-stations haute tension, et le projet LANCE, qui vise à électrifier des procédés sidérurgiques.
Les entreprises fortement consommatrices devront revoir leurs procédés. Cela implique une électrification croissante de certains éléments, ce qui génère un besoin important en recherche et développement et en investissement.
Wall4GRiD, un appel à l’action
En guise de conclusion, Philippe et Renaud lancent un appel à l’action par le programme Wall4GRiD. Celui-ci vise à faciliter le développement des réseaux électriques et la transition énergétique globale.
« Vous avez une idée ou un projet pour accélérer le développement des réseaux électriques et la transition énergétique ? Prenez contact dès maintenant avec le Pôle MECATECH et le Cluster TWEED pour transformer vos ambitions en actions concrètes. L’objectif est de vous faire profiter d’un accompagnement pour la recherche et le développement, de l’éco système, d’une ouverture vers l’Europe et d’un support dédié pour accélérer votre transition. La Wallonie est prête à relever le défi et à transformer la transition énergétique en un moteur de prospérité durable », concluent-ils.