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Transition Énergétique

Le bioéthanol et les protéines au cœur de la décarbonation

En collaboration avec
La chaudière de BioWanze.
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La chaudière de BioWanze.

En matière de réduction des émissions de CO2 et d’économie résiliente, BioWanze est un acteur majeur en Belgique. Producteur de bioéthanol et de protéines, l’entreprise wallonne incarne une approche innovante et circulaire de l’agriculture et de l’énergie. Son directeur, Laurent Lambert, nous éclaire sur les défis qu’elle relève.

Laurent Lambert

Directeur chez BioWanze

« Notre entreprise est aujourd’hui quasiment neutre en carbone et nous produisons plus d’électricité verte que nous n’en consommons  », nous déclare d’emblée Laurent Lambert. « Nous brûlons de la biomasse interne et externe. Le CO2 émis lors de la combustion est biogénique, c’est-à-dire qu’il est réabsorbé par les plantes en croissance, recréant ainsi un cycle vertueux. » 

Cette approche illustre la capacité de l’entreprise à intégrer des processus durables au cœur de son modèle de production. Principal producteur de bioéthanol en Belgique, BioWanze est un acteur essentiel pour le secteur des transports. L’entreprise en produit environ 300 millions de litres par an, couvrant largement les besoins nationaux. « Le parc automobile belge est composé à environ 70 % de voitures à essence. Celle-ci contient aujourd’hui jusqu’à 10 % d’éthanol ; c’est ce qu’on appelle l’E10. »

Une solution durable équivalente à l’électricité 

Même si cela ne paraît pas évident de prime abord, Laurent Lambert insiste sur « l’importance de reconnaître le bioéthanol comme une solution équivalente à l’électricité pour la décarbonation des transports. Si on considère le cycle de vie complet d’une voiture, rouler au bioéthanol offre des performances équivalentes à celles d’une voiture électrique en termes d’émissions de gaz à effet de serre. » Il plaide dès lors pour une neutralité technologique dans les politiques de décarbonation, afin de ne pas discriminer les véhicules à combustion qui utilisent des carburants durables. 

Notre entreprise est aujourd’hui quasiment neutre en carbone et nous produisons plus d’électricité verte que nous n’en consommons.

BioWanze va même plus loin. L’entreprise milite pour l’introduction de l’E20 (20 % de bioéthanol) dans les essences, compatible avec les moteurs actuels, et à long terme, pour la promotion de l’E85 (85 % de bioéthanol) comme en France, où ce carburant est commercialisé à un prix très compétitif. « Aujourd’hui, les leviers sont avant tout politiques », affirme notre interlocuteur, qui souligne l’absence d’obstacles techniques. 

Un producteur de protéines au service de l’agriculture locale 

Située à Wanze, près de Huy, l’entreprise remplit aussi un rôle prépondérant dans la production de protéines pour l’alimentation humaine et animale. « Pour chaque litre d’éthanol produit, nous fabriquons autant, voire un peu plus, de protéines. Cette double production maximise la valorisation des matières premières agricoles », se réjouit le directeur. 

Laurent Lambert insiste sur le caractère local de cette production : « Le blé fourrager qui alimente BioWanze provient majoritairement de Belgique, tandis qu’en Europe, nous importons massivement des protéines, souvent d’origine OGM et cultivées avec des pratiques intensives. Rien qu’en Belgique, près de 2 millions de tonnes de protéines sont importées chaque année. Les protéines de BioWanze, elles, sont produites localement, sans transport intercontinental, à partir de blé belge principalement, et bénéficient de pratiques culturales européennes plus respectueuses de l’environnement. Nous contribuions ainsi à réduire notre dépendance et à soutenir des filières plus durables. » 

Pour chaque litre d’éthanol produit, nous fabriquons autant, voire un peu plus, de protéines. Cette double production maximise la valorisation des matières premières agricoles.

De plus, l’entreprise inscrit son activité dans une démarche d’économie circulaire exemplaire. «  Tout ce qui entre chez nous est valorisé. Les protéines du blé, coproduites avec l’éthanol, sont réintégrées dans l’alimentation animale, mais aussi humaine avec les farines boulangères et l’élevage de poissons. Les cendres issues de la combustion de la biomasse, elles, retournent aux sols comme engrais. Même le CO2 biogénique est capturé, liquéfié et vendu aux fabricants de boissons gazeuses. » Cette circularité bénéficie directement aux agriculteurs, contribuant à maintenir des prix stables pour le blé.

Entre menaces à l’horizon et espoir d’un monde plus durable 

Malgré son rôle vertueux, l’industrie du bioéthanol est confrontée à des risques. Laurent Lambert exprime notamment une inquiétude majeure concernant les accords commerciaux entre l’Europe et les États-Unis. «  L’exemple du Royaume-Uni, qui a levé les tarifs douaniers sur le bioéthanol américain, a eu des conséquences désastreuses. Les deux usines anglaises de bioéthanol sont en voie de fermeture. » Amplifiée par le contexte politique actuel aux États-Unis, cette menace est un point d’attention crucial pour BioWanze. 

Réaffirmant la vision de son entreprise, notre interlocuteur garde toutefois espoir : « Nous sommes une industrie locale qui valorise les produits locaux pour une mobilité durable en Europe. Nous faisons partie de la solution pour la décarbonation. Nous ne cherchons pas à nous opposer à d’autres solutions comme l’électrification, mais le bioéthanol est une solution complémentaire, abordable pour tous en Europe. Elle permet de combler les manques d’électricité et de participer activement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. »

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